mardi 31 juillet 2012

On l’écoute et on assume (X) : Le foutoir musical hard discount du Qualité Motel



Le Québec et la musique ? Aussitôt voilà que résonne dans notre cortex de stridentes dénominations à réduire en miettes en moins d’½ seconde la « collec » entière de céramiques de la Manufacture de Sèvres : Garou, Roch Voisine, Lynda Lemay et… la reine des reines, sa sérénissime majesté impériale Céline Dion.  Nos confrères musicaux québécois semblent ainsi s’être spécialisés dans les « chanteurs à voix » (doux euphémisme…). En même temps, il faut pousser une belle gueulante pour pouvoir espérer être entendu de l’autre coté de l’Atlantique : 6 000 km ce n’est quand même pas rien !

Pour ce faire, Qualité Motel, monstrueuse résurgence électro bête et méchante des fines lames de Misteur Valaire (chroniqués ici même il y a peu)  a choisi une autre stratégie. Plutôt que de risquer l’indigestion au miel de sapin et une entorse des cordes vocales, les cinq malicieux bonshommes misent sur la puissance de leurs machines électroniques et sur leur capacité à enchaîner de lourdes boucles de synthétiseurs sursaturés pour traverser l’océan sans naufrage.  Ce projet parallèle du quintet jazz-électro prend ainsi la forme d’un déversoir musical francophone des plus visqueux. Un cloaque délicieux où batifolent en liberté tentations douteuses et pulsions carrément incorrectes…


C’est bien connu, la bière  « Delux » est la pire que l’on puisse trouver pour se rafraîchir le gosier, le fast food « Best Burger » est à éviter dans l’intérêt de l’intégrité de son estomac, sans parler des produits estampillés par le label « Delicious & Tasty »… Pour le Qualité Motel même combat !  le Motel California, 1ère établissement de la franchise fait fort dans le hard discount de pacotille depuis son ouverture le 1er avril 2012. On se demande ce qui y est le plus dérangeant pour les pauvres hères qui y échouent par mégarde ; des draps d’une propreté plus que douteuse de Je vous salue Marie aux cloisons en carton pâte qui ne couvrent aucun des coupables épanchements d’En selle Gretel, en passant par la tuyauterie qui n’arrête pas de fuir et de chuinter pour un Motel Engineer 8bit de tous les diables …


Motel de passe vous l’aurez compris, chaque sombre recoin fait l’affaire pour un nouveau feat aguichant précipitamment exécuté. Un petit coup de voix et puis s’en va ! Stefie Shock, Mitsou, Grand Analog, Socalled, Yann Perreau, Pintandwefall, James Di Salvio, Mrs.Paintbrush, Karim Ouellet, Caracol, Elisapie Isaac, Béni bbq, Fanny Bloom… autant d’étranges invités qui nous ouvrent sur une scène canadienne pleine d’humour et d’autodérision.

Pour le reste le disco sound system tout terrain de l’établissement se chargera de recouvrir les fissures et les mauvaises finitions de la charpente sous un déluge sonore salvateur. La dégoulinante intro d’En selle Gretel en est l’exemple le plus implacable. La suite est une absurde et maladroite déclaration d’amour qui se prend les pieds dans le tapis mité dès le hall d’entrée du « palace ». Moqueur et carrément jouissif !


De la voix de boysband benêt de Je vous salue Marie aux robotiques vocalises de Kisu Kisu en passant par le rap furieux de Piscine/Pool, le  casting est parfait pour un revival trash du Musical Notre Dame de Paris en version techno- hard-discount. Voilà enfin une cour des miracles digne du chef d’œuvre de Victor Hugo !

Vous l’aurez compris, nous voilà à des années lumières de l’Hotel Normandie de Deauville et de ses confrères du triangle d’or des palaces parisiens… Mais n’empêche, qu’est ce qu’on s’amuse au Motel California ! Entre le volcanique Arabesque et Indécence,  le Gainsbourien Vol de Nuit et le technival de Motel Engineer, les soirées sont tellement chaudes sur le dancefloor…






Bref, une étape crasseuse mais incontournable du chemin de croix musical 2012.  Et rassurons expressément les radins culturels de tous poils et les aventuriers qui ne se nourrissent que de sons, d’amour et d’eau fraîche. Pour ceux qui auraient quelques scrupules à débourser quoi que ce soit pour déposer leurs paquetages poussiéreux dans cette miteuse adresse, sachez que leur seul effort consistera à cliquer sur le lien ci-dessous et à se laisser guider pour télécharger le tout gratuitement !

 Allez, avant de revenir à des contrées musicales plus nobles (et bien plus emmerdantes) c’est maintenant le moment de finir en beauté avec un titre éponyme indescriptible…




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