samedi 29 décembre 2012

The Dark Side Of The Stars : The Golliwogs (Creedence Clearwater Revival)



Tout le monde connaît Creedence Clearwater Revival. Si le nom tarabiscoté n’évoque pas toujours grand-chose, des chansons telles que HaveYou Ever Seen The Rain, Looking Out My Backdoor, Who’ll Stop The Rain ou encore la reprise de I Heard It Through The Grapevine stimuleront des « ha oui bien sûr » chez n’importe quel sujet disposant d’un poste de radio ou ayant l’habitude de faire ses courses au supermarché. Mais le groupe californien, emmené par le phénoménal John Fogerty, a eu une carrière avant ce déchaînement de succès.





Bien avant les hits néo-country vendus à millions d’exemplaires fut un petit groupe local, d’abord nommé The Blue Velvet, originaire d’El Cerrito dans les environs d’Oakland en Californie. Composé des deux frères Fogerty,  de Stu Cook et Doug Clifford, le groupe signa sur Fantasy Records une grosse vingtaine de chansons qui sont très très loin du son qui leur donna leur succès international. Renommé The Golliwogs à partir de 1964, référence incompréhensible à une ridicule marionnette pour enfants, c’est sous ce mystérieux mauvais nom qu’ils ont traîné leurs basques dans le bac à sable musical jusqu’à leur service militaire en 1966. 





Est-ce à cause du break dans leur carrière, de la petitesse de leur bourgade ou d’une absence de marketing, en tout cas rien de cette courte période n’est venu jusqu’aux oreilles du badaud, voire même du type qui se penche un peu sur la discographie de CCR. Mauvaise visibilité, absence de valorisation post-mortem, la seule manière d’ouïr ces débuts prometteurs est de se procurer la CCR Box Set de six disques pour une valeur de 149.99 €, ou alors d’errer sur YouTube sous des vents favorables. Et là... un mélange de surprise, d'ébahissement et d'admiration submerge l'auditeur qui ne s'était évidemment pas préparé à autant de découvertes renversantes...





En fin de compte qu’avons-nous là ? Un trésor. Aussi inestimable qu’il est limité. Aussi précieux que poussiéreux, naïf et gentil. L’absence de réputation aide peut-être les choses à sonner vrai, sans doute, mais des morceaux comme Little Girl, Oh My Love ou Where You Been sont authentiquement sublimes ; d’une délicatesse et d’une sincérité aujourd’hui rares. Le son est typé à l’extrême "début des années 60", non sans rappeler les débuts des Beatles à la BBC. La voix indescriptible de John Fogerty est déjà là, prête à se faire connaître au monde entier, et sait se faire moins hésitante sur des morceaux comme The Golliwogs Don’t Tell Me No Lies, Try Try Try, You Came Walking ou encore Fragile Child (parfois doublé par son frère Tom).




Très honnêtement, ces chansons ont-elles quoi que ce soit à envier aux percées des Beatles, des Rolling Stones ou des Kinks dans les années 1962/1965 ? NON. L’envoûtement pré-psychédélique de Gonna Hang Around, la spontanéité de Fight Fire, ou bien She Was Mine, sorte d’hybride Angleterre/Etats-Unis. Quand vient le tout dernier single, Call It Pretending, juste avant l’exil martial, tous les éléments du succès futur sont réunis, et cela était trop évident aux yeux de Saul Saentz, business man ayant racheté Fantasy Records ; ainsi il leur proposa en 1968 d’enregistrer ce qui deviendra leur premier véritable opus en 1968 : le disque éponyme chargé de singles rockabilly tels I Put a Spell on You ou Suzie Q (presque aucune chanson n’est signée du groupe).


Voila la magnifique face cachée de CCR !

Point culture : D’où vient le nom incroyablement pénible de Creedence Clearwater Revival ?

Creedence vient du prénom d’un ami de Tom Fogerty, Credence Newball, auquel un « e » a été ajouté pour évoquer « creed » qui signifie « crédo, principe » en anglais. Clearwater vient d’un slogan publicitaire de la marque de bière Olympia Beer, et Revival marque l’aspect « renaissance du groupe »…  Pourquoi faire simple et percutant finalement ?