Lorsque l’on vit dans un pays maudit par la nature et chéri
par la folie humaine, il faut redoubler de génie et de ténacité pour survivre.
Et recréer. S’il est un pays au monde qui illustre la destruction créatrice, c’est
bien le Japon. Et s’il est une ville qui incarne l’innovation perpétuelle, c’est
bien Tokyo. C’est de cette ville qu’est issu Lite, groupe de rock instrumental
qui a décidé de tenir tête aux tremblements de terre, aux raz-de-marée et à la
fission nucléaire en même temps. La société qui a conditionné des individus
capables d’engendrer Godzilla et Violence Jack est indestructible, et la
musique de Lite est un énième représentant de ces produits artistiques
difformes, monstres mutants surpuissants au destin fatal.
Sorte d’Errors en plus bancal, ou de Battles en plus
organisé, leur rock instrumental à peine soupçonné d’électronique est
indiscutablement conceptuel. Les codes sont recréés, la technique est
omniprésente et il y a fort à parier que leurs concerts soient d’intenses
séances de concentration et de douleurs articulaires. La communion entre les
quatre membres est bluffante, chaque phrasé de chaque instrument est finement
serti dans ce qui constituera le produit final, célébrant le pouvoir de la
communication et la puissance du travail acharné. Comme dans beaucoup d’autres
domaines nippons, la recherche de performance et de perfection l’emporte sur
celle de la facilité et de l’improvisation.
La musique de Lite n’est jamais ni sinistre ni joyeuse, elle
évolue dans la sagesse qui est entre les deux, cherchant une issue à la vacuité
des modes. L’honnêteté pousse quand même à préciser qu’ils ont un côté
progressif/intellectuel qui les relie un peu à Octopus Project, Lotus ou LemonJelly. Faites-vous votre idée à l’écoute d’extraits du dernier de leurs trois
disques et de leur EP, « Past, Present, Future », dont rien que le
titre donne une idée des ambitions historiques. Im-mor-tels vous dit-on !
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