Les Kabeedies, c’est comme les Clash jouant du reggae, les
Stones jouant du funk ou Damon Albarn se mettant à la musique africaine :
quelque chose n’est pas crédible et devient magique. Sans doute le pouvoir du
melting pot anglais qui passe toutes les cultures à la moulinette, enfin une exploitation
néo-coloniale positive ! Le dernier album du quatuor de Norwich, intitulé Soap,
est exemplaire de mixité. Impossible de séparer les mélodies et rythmes
tropicaux de leurs influences new wave terriblement anglaises. Comme un Steven Morrissey
ou un Robert Smith ayant guéri de sa dépression. Ou comme Vampire Weekend
découvrant la pluie et les briques britanniques, au choix...
La sublime introduction de disque, avec Hangs Ups Of The
West et Elizabeth, présente bien la musique du groupe, caractérisée par une
légère guitare claire, une basse au délié impeccable (lignes absolument superbes
jusqu’à la dernière chanson), et une alternance de voix entre le classicisme
anglais assez « street » d’Evan
Jones et les envolées lyriques à la Cindy Lauper de Katie Allard. Dur de ne pas
voir l’influence radicale qu’a eu Johnny Marr sur le guitariste, même si ici la
hype impose de casser les rythmiques un peu plus que pendant les années 1980. Et
peu de groupes (aucun ?) ne nous avait habitués à de telles performances
vocales sur des instrumentations aussi spontanées. Comme si Céline Dion ou
Whitney Houston avaient eu du goût.
The Kabeedies - Bones from Harry Hall on Vimeo.
L’Afrobeat se déploie encore, après le single Bones, sur
Santiago, après être passé par une Drowing Doll rappelant les folies de leurs
cousins de Liverpool (Hot Club de Paris). Et vient la génialissime Come Out Of
The Blue (« Tomber du ciel »), avec ses couplets de vocalises en
canons, entourant un refrain magnifique qui mérite de résonner dans toutes les
radios du monde.
On appréciera le ton blasé et mélancolique de Underfloor
Lover et son violon triste, saupoudré par ci par là de notes de synthé délicieusement
dégoulinantes, et de l’écho du son des doigts arpentant les cordes de la
guitare. La conclusion, LT, très dream pop, se sert d’une rythmique qu’avaient
utilisé les Clash sur la très étrange Sean Flynn en 1980, c’est pas en oubliant
d’où on vient qu’on devient qui on est ! Pour les fans, une ultime
chansons cachée qui aurait pu servir à la BO d’O’Brother…
Soap n'est pas leur coup d'essai, allez faire un tour ici pour vous faire une idée de leur précédent disque Rumpus.
The Kabeedies from Media Centre on Vimeo.
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