vendredi 20 avril 2012

La bedroom pop de Little Pictures



Le 25 mai prochain, Princess Chelsea se produira à la Flèche d’Or, accompagnée des excellents Team Me. S’il n’en a pas l’air, ce concert est un événement puisque c’est la première fois qu’un artiste produit par Lil ChiefRecords va donner une représentation en France. L’occasion est trop belle de mettre en lumière un tout petit groupe pris sous l’aile de ce tout petit label.


Little Pictures est un duo mixte de Néo-Zélandais (Mark Turner et Johanna Freeman), qui n’a pour l’instant sorti qu’un seul disque, Owl+Owl. Ils font de la « bedroom pop music » (et non, ce n’est pas Revolver qui a inventé l’expression « pop de chambre »), et il apparaît impossible de décrire leur musique de manière plus juste. L’endroit où se rencontrent naïveté et profondeur, c’est cette chambre à coucher dont la moquette empêche aux sons de résonner et aux pistes de se superposer. De l’électronique ? Bien sûr, il n’y a que ça, quand il y a quelque chose.




Les deux musiciens manipulent le vide et l’absence, l’attente et la surprise ; des voix plutôt désabusées, qui n’y croient pas vraiment, du DIY pur et dur. You + Me + My Amplifier. Pourquoi varier les sons quand celui qu’on a trouvé est génial ? Le ronflement analogique cadre le disque de A à Z, saupoudré de phrasés un tantinet 8bit. Les deux collaborateurs admettent mieux composer lorsque les limites techniques sont claires et très astreignantes. « And when this starts to take flight on soft melodic wings, it can really soar ». La mixité des voix, à l’aune des Brunettes ou de SlowClub, a toujours son petit plus insaisissable, et puis ils ont vingt ans, que peut-on encore apprendre à l’art de la composition à cet âge ?





L’idée est débarrassée de toute démonstration technique : pas de solo, pas d’effets, pas d’appâts commerciaux ; prenez ça comme une demande : « Voilà ce que nous faisons, cela vous plaît-il ? ». L’originalité bâtie à partir de la banalité, l’œuvre à partir de l’instrument, l’émotion à partir d’une vibration, les onze petites images de Owl + Owl resteront longtemps gravées dans la mémoire car elles réussissent à marquer sans prendre de place.


mercredi 18 avril 2012

The Dark Side of the Stars ( I ) : April, sublime debris cosmique de Deep Purple


The Dark Side of the Stars: Une nouvelle rubrique est née !

Tous les amateurs d’astronomie savent pertinemment que l’Univers est un incorrigible farceur. Pour dégoter LA nouvelle exoplanète tant attendue d’un système stellaire, il ne suffit pas de pointer son télescope astronomique au hasard et de sillonner l’espace avec l’excitation grisante du chercheur de trésors du dimanche à La Baule. Et même, les plus sérieuses découvertes de nouveaux astres pourront se retrouver réduites à néant par trois calculs contradictoires et des coups de théâtre dont seul l’espace a le secret. Ainsi il suffit qu’une planète soit disposée de telle manière, à l’abri d’un autre collègue spatial, pour qu’elle passe complètement inaperçue de la communauté scientifique.
Et bien pour la musique c’est un peu pareil. Des groupes immenses aux carrières exceptionelles, ayant reçu tous les honneurs possibles et imaginables pourront au cours de leur carrière réaliser de petites merveilles qui resteront injustement inconnues, tant l’auditeur se retrouve aveuglé par le rayonnement de titres passés, eux, dans la postérité. Cette nouvelle rubrique, « The Dark Side of the Stars », vous propose donc de (re)découvrir quelques uns de ces chefs d’œuvres  oubliés. Et pas besoin de tâtonner dans des discographies qui disposent parfois même de plus d’étoiles que la Voix lactée, la mise au point de la lunette est déjà faite ! Et même si on les kiffe à mort  pas question donc icid’épiloguer sur le succès du Miss You des Stones ni sur la place de l’album Elephant des White Stripes dans le panthéon du rock…

The Dark Side of the Stars ( I ) : April, sublime debris interstellaire de Deep Purple

C’est parti avec un petit focus sur l’une des chansons les plus épiques de Deep Purple, au titre parfaitement de saison : April. Issu du troisième opus du groupe, à une époque reculée ou même Ian Gillan, le brailleur attitré de la bande ne faisait même pas encore partie du groupe, cet étonnant morceau fleuve concentre ambitions démiurgiques et fulgurances créatives débridées. Voila une profession de fois, qui, avec son plan en trois parties du type thèse, antithèse, synthèse remet en cause pas mal de présupposés musicaux. 


On est en 1969, le grand chamboulement des idées et des émotions bat son plein. Mêlant instruments électrifiés et classiques, tour à tour instrumental, puis chanté, bousculant le schéma classique couplet/refrain, jouant avec les variation de tempo, cet OVNI musical constitue une tentative sur plus de douze minutes de faire sauter le cadre rigide de la chanson pop et de dépoussiérer le carcan de la « grande musique ». Perdu entre plusieurs galaxies musicales, il erre en tout cas à des années-lumière des riffs hard rock qui feront le succès de Deep Purple quelques années plus tard avec Highway Star ou Smoke on the Water.

Le périple interstellaire commence par une intro jouée à l’orgue Hammond digne du plus martial Jugement dernier de Michel Ange. Pas le temps de se recoiffer après une telle tempête solaire que le thème fait son apparition, porté par un clavier indolent et une délicate guitare.  Après l’avoir fait tourner plus de trois minutes à coup de savantes modulations et de chœurs délicatement  saupoudrés, une guitare extraterrestre stridente fait son apparition. La machine est suffisamment chauffée à blanc. Il est maintenant temps de passer la vitesse de la lumière et de changer de référentiel. Sans crier « gare » les instruments pour hippie chevelus et crasseux cessent d’un coup et laissent place à un orchestre rutilant, tout de cuivre et de cordes vêtu ! Les mélodies scintillantes sont jouées avec toute l’inspiration et le bon goût qui sied à ce genre de formation classique. Les variations baroques s’enchaînent en cascade, toujours plus imprévisibles, comme si l’on écoutait la BO d’un mystérieux film sans images ni dialogues. Moment de joie, de doute, retournement de situation dramatique, passages romanesques… Le moins que l’on puisse dire c’est que l’intrigue semble particulièrement bien ficelée. La BO de Star Wars peut aller se rhabiller. Et là, sans crier gare, sabordant avec délice la scène du baiser final,  la troisième et dernière phase du morceau fait irruption a renfort de roulements de caisse claire agressifs. Voilà enfin les cinq explorateurs de la galaxie hard rock en chair et en os,  chauds comme la braise et prêts à en découdre avec l’histoire de la musique...  Et pourtant ce troisième album des Britanniques n’aura qu’un succès très limité.
La suite de l’histoire ? Prenez au hasard l’une des innombrables encyclopédies du rock qui fleurissent les rayonnages de n’importe quelle FNAC, et vous la trouverez assez facilement…


mardi 17 avril 2012

On l'écoute et on l'assume (IX) : Familjen



Une électronique d’un froid polaire, piquante et dure, souvent sinistre, c’est la musique du Suédois Johann T Karlsson, alias Familjen, un Suédois de Hässleholm évadé à Malmö. Un chant mi suédois mi scanien - ce qui est un choix trop rare considéré la sonorité des langues scandinaves – des boîtes à rythmes dancefloor, de lourdes lignes de synthé, tout est à mi-chemin entre mécanique sans âme et subtilités mélodiques. Rêveuse, évasive, contemplative par la voix, cette musique est martelante, oppressante et même violente par l’instrumentation. Deux disques seulement, mais aucune erreur, ce qui suffit à asseoir sa crédibilité de compositeur. 




Karlsson n’est pas issu du sérail, c’est juste un bidouilleur qui est né au bon endroit, parvenant facilement à se constituer une notoriété locale dans sa ville natale de 18000 habitants. Le talent combiné à un réseau de labels compétents lui font très vite enregistrer « Det Snurrar i min skalle » en 2007. Il ne cherche déjà plus son style, il l’avait trouvé avant même d’envisager de faire de la musique, il a toujours été là et s’exprime donc tout naturellement pendant quarante minutes. Un style malléable, lui permettant de satisfaire à des exigences micro-commerciales, remplies par le morceau éponyme et Huvudet I Sanden, sorte de dance passée à la moulinette de l’innovation électronique suédoise.



Det Lilla Livet, tout comme le côté pop de Nån Gång, conviendraient également aux bonnes radios. En revanche, l’oppression de Det Vet Du, le dépouillement de Första Sista ou l’improvisation délirante de Hög Luft (la plus suédoise du disque) sont bien moins calculés, et permettent d’envisager Familjen comme un groupe clairement indépendant.
Le disque, pris en charge par le label de Royksöpp et Kings of Convenience, distribué jusqu’en Australie, fait son buzz et lui donnent l’occasion de se produire à travers toute la Scandinavie.




Mänskligheten, sorti en 2010, est bien plus hétérogène et explore de nouveaux sentiers. Commençant par un morceau très bête et très méchant (ce qui le rend charmant), le disque propose des morceaux faciles d’accès, rafraîchissants comme När planeterna stannat, qui nous fait l’honneur d’une guitare et d’une batterie inattendues, ou Djungelns lag, sorte d’hymne faisant penser à la bonne période de Peter, Björn & John



La palme revient au single Det Var jag : tout est juste, finement ciselé, rempli d’idées, avec ce mélange immuable de douceur et de brutalité. Mitt Bästa ou Vems lilla hjärta aident à recadrer l’objet : Familjen a trouvé le point juste équidistant entre Casiokids et Little Dragon. Mais il ne l’avait pas préparé, il est né en même temps qu’eux, participant au monstrueux élan de créativité de la Scandinavie dans les années 2005-2010. Ecoutez Viggo, et songez que cette musique fait partie d’un chapitre qui deviendra historique.






vendredi 13 avril 2012

Pete & the Pirates, valeur sûre du rock à l’horizon !


Comme le dit l’adage bien connu c’est dans les vieilles marmites que l’on mitonne les meilleures soupes. Etre un amateur de bonne musique respectable, c’est parfois aussi ardu que de se prétendre gastronome irréprochable. Le fin gourmet se devra de se pâmer devant les dernières « merveilles » ectoplasmiques des savants fous les plus en vogue de la cuisine moléculaire. Mais au fond de lui ne préférerait-il pas plonger sa fourchette en argent dans un bon cassoulet fumant et crépitant ? Tout comme les papilles gustatives et le système digestif, les tympans sont des organes grégaires auxquels il ne faut pas trop en demander.  Issu d’une époque où il était avant tout nécessaire d’entendre le tigre à dents de sabre s’approcher et de localiser la distance d’un troupeau de mammouths potentiellement dévastateurs, le bon Dieu ne les a pas façonnés pour s’extasier devant le sophistiqué et le futile.
Parfois le bon sens populaire se chargera de nous le rappeler.  Les forbans de Reading, UK, Pete & the Pirates l’ont également  parfaitement intégré dans leurs deux albums, pas révolutionnaires pour un sou. Les plaisirs simples du rock sont ainsi à la base de la recette magique qui fait de Little Thing  de One Thousand Pictures de délicieuses parenthèses à savourer loin de la course effrénée vers le toujours plus hype et/ou conceptuel.

Intro - couplet - refrain - recouplet - rerefrain - Pont/solo - outro… En somme, Pete and the Pirates, c’est aussi simple que la structure d’une BD de Mickey Parade, une partie de petits chevaux ou un menu D9 du jap du coin ! Tout au long de leur premier cru, Little Death, paru 2008, ils s’attèlent à nous rappeler que le rock c’est juste une succession d’accords plus ou moins saturés qui feront mouche accolés les uns à coté des autres et de parties mélodiques entêtantes ayant pour objectif de coller au maximum le cortex de l’auditeur. Exemple parfait avec Mr Understanding et son refrain super-glue répété inlassablement.
L’efficacité du premier single de l’album, Come on feet, émoustille quant à lui les neurones en moins de temps qu’il ne faut pour dire « ouf » et donne une étrange impression de déjà vu.

Même constat avec une autre douceur garantie sans OGM, Lost in the woods. La guitare a tout bonnement un putain de son de guitare, la basse ronfle avec le plaisir d’une quatre cordes élevée aux grains bio et en plein air, la solide batterie marque un tempo imperturbable sans l’aide de stéroïdes ou du moindre produit dopant, et les voix de brisquards caracolent avec l’assurance de loups de mer qui s’époumonent pour se donner du courage face à l’océan déchaîné. Une simplicité qui en deviendrait presque révolutionnaire.

Et l’on pourrait rester des heures au coin d’un feu à savourer en boucle ce premier essai brillamment transformé de la bande de Reading, tout en sirotant paresseusement un Tonic…  Mais voila que Bright Lights, la spectaculaire conclusion du disque, a déjà aiguisé notre curiosité… Et après ça, comment s’en sont-ils tirés?


Et bien, mille milliards de mille sabords, force est de constater que pour l’instant la carrière de ces marins d’eau douce est un carton plein  !  One thousand pictures, le petit dernier sorti en 2011 n’a rien à envier à son aîné. Plus sombre et minimaliste encore il laisse libre cours aux épanchements de la voix fiévreuse sur Cold Black Kitty, Motorbike, Shotgun ou United.




Mais le navire amiral ne se contente pas de se reposer sur ses lauriers. Le voilà qui, au moment où on l’attend le moins, explore à la marge des contrées relativement inédites sans pour autant remettre en question la feuille de route générale du périple. Come to the bar et Winter 1 sont ainsi d’étranges incursions électro-rock qui finalement conviennent également assez bien à la simplicité binaire de l’univers du groupe.



Et pour conclure voici une petite citation de ce bon vieux Sénèque avec laquelle la bande de soudards ne pourra qu’être complètement d’accord : « Lorsqu’on ne sait pas vers quel port on navigue, aucun vent n’est le bon ». C’est bête comme chou, mais Pete and the Pirates avec un soupçon de talent, un poil d’authenticité et surtout en s’appliquant à jouer en terrain connu , s’est doté d’une personnalité musicale forte et singulière. Une belle aventure qui ne risque pas de se terminer en queue de poisson !

 

vendredi 6 avril 2012

On l’écoute et on assume ! (VIII) : Le hard rock anachroniquement délicieux de Witch



Comment les sales types de Witch ont-ils osé ? Sortir, en 2006, aux yeux et à la barbe de tous, un brulôt de hard rock mal dégrossi,  farci de guitares électriques indigestes et de riffs hypercaloriques, tout de même … A l’heure où la sobriété mélancolique de la new wave, le minimalisme efficace et brutal du punk et du grunge et les bienfaits scientifiquement reconnus du rock progressif avaient depuis longtemps remplacé les ingrédients les plus nocifs des scènes plus ou moins hard indé des 70’s, voilà qu’une anomalie musicale nauséabonde se permet de voir le jour telle une infecte pousse d'ortie dans le potager de ce pauvre Monsieur Potiron.  Tous les diététiciens du bon goût musical seront catégoriques. Pas un seul des ingrédients des deux albums du groupe ne peuvent convenir à un régime sonore équilibré. Pire, du poisseux Witch au corrosif Paralyzed tout serait idéalement à jeter dans un container hermétique pour produits hautement toxiques. Et il ne faudrait surtout pas oublier de se rincer abondamment les oreilles en cas de contact, même fugace avec leurs substances sonores radioactives. Le scandale sanitaire n’est pas loin ! Mais on n’y peut rien, comme tout gamin qui se respecte c’est avant tout les friandises pleines de gélatine sucré et les frites dégoulinantes de graisse d’huile de palme que l’on préfère …



Tout droit sorti du pire cauchemar d’Ozzy Osbourne, prince des ténèbres en titre, ça hurle, ca martèle, ca grince et ça gratouille frénétiquement avec pour résultat, comme dans l’exemplaire Rip Van Winkle, l’édification d’un mur du son cathartique et décapant.

Rip Van Winkle by Witch on Grooveshark

Jusqu’ici on pensait qu’une telle overdose de saturations malsaines teintées d’amateurisme et de d’hallucinations post-trip à l’acide  n’était possible que dans un album des plus grandes années de Black Sabbath, au cœur des années 70. Flottant sur le déluge d’accords mineurs et de coups de cymbales injustement maltraitées, la voix éthérée scande avec délice prophéties de pacotilles et psaumes satanistes grandguignolesques de rigueur.

A l’époque le punk n’a pas encore vu le jour, et ce hard rock de routier qui s’affranchit des origines rock n roll, jazz et soul, constitue la provocation ultime pour tout les ados frustrés qui, en Mai 68, n’avait l’âge que de se curer le nez dans une salle de classe poussiéreuse et dramatiquement inintéressante. Au mieux la critique musicale et les parents se déchaînent contre la vulgarité de cette frange obscure de la scène rock, principalement britannique;  mais la plupart du temps ils sont complètement ignorés. Juste quelques baby rockers plutôt bien avisés, Kurt Cobain le premier, les écouteront en boucle, et vont digérer  religieusement leurs préceptes en prévision de futures révolutions …
Seer by Witch on Grooveshark

Mais voilà qu’en 2006 avec l’album éponyme Witch, quatre chevelus de Vermont, Massachusetts, replongeant dans les codes de ces sombres groupes après avoir sorti de leurs greniers le florilège de leurs artifices : riffs menaçants répétés inlassablement comme dans Rip Van Winkle, tempo lourd et fortement ralenti de blues à l’image de la ligne indécrottable de Seer, solos stridents old school à la Changing, le tout souvent ponctué d’une ballade, ici Isadora, qui arrive à conserver le côté oppressant de l’ensemble. On pouvait craindre que la poussière et la rouille se soient chargées de réduire à néant leurs dernières onces de crédibilité et que de telles vieilleries paraissent complètement anachroniques. Mais, on ne sait par quel tour de passe-passe ésotérique,  le rendu final, bien que l’ensemble soit particulièrement pesant, n’a rien d’une vaste blague et s’écoute avec une coupable jouissance adolescente. Et parfois le sombre romantisme baudelairien qui se dégage en deviendrait même insidieusement touchant.  
Changing by Witch on Grooveshark
Hand of Glory by Witch on Grooveshark
Pourtant, derrières les tignasses mal coiffées se cachent des pointures de la scène indé que peu de puristes délaisseraient : à la guitare Kyle Thomas, membre du groupe de folk Feathers, et surtout J Mascis, le leader du groupe alternatif US par excellence :  Dinosaur Jr, qui se dissimule derrière les fûts de la batterie. Avant tout, Witch serait donc un trip entre potes n’ayant plus grand-chose à prouver. Prenons un cycliste fraîchement à la retraite et qui a gagné toutes les courses….  Disons qu’il se retrouve face à un paquet de friandises qui furent le fantasme absolu de ses jeunes années mais avec lequel il avait depuis des lustres banni toutes interactions, carrière oblige. Et bien dès lors il n’a plus aucune raison de bouder son plaisir… Ainsi lorsque ces grands enfants se roulent dans cette gadoue hard rock à qui mieux mieux, l’auditeur attentif percevra à coup sûr leur jouissance communicative à claquer des accords bêtes et méchants, à martyriser la pauvre batterie sans défense  et à s’égosiller à la manière d’un cochon qu’on égorge.  
Et si les plaisanteries les plus courtes sont souvent les meilleures, voilà que les larrons, pas lassés de leur bonne blague, récidivent en 2008 avec un deuxième album au son beaucoup plus hardcore : Paralyzed. Virage rythmique à 180°, sons encore plus durs, ambiances bruitistes à la limite du supportable… Witch se renouvelle, mais est encore très loin de l’âge de raison. 1000 MPH et Eye sont là pour vous le prouver ! 

jeudi 5 avril 2012

The Awesomest Song(s) of the Week : The Warcats


Programme : plongeon vertigineux dans les entrailles de la musique.



Les Warcats n’existent pas sur Internet. Ils n’existent probablement donc pas. Pas l’ombre d’un référencement, pas le reflet d’une citation, pas une esquisse de soupir, toutes les requêtes s’effondrent, impuissantes à les révéler. Musique encodée à partir d’un disque promotionnel de Télérama (référence absolument inexistante), la magie du numérique lui rend ici la vie, comme l'éclosion d'une fleur dont les graines ont été fossilisées pendant des milliers d’années. Nous ne pourrons vous cacher que l’expérience n’a qu’à moitié marché : la musique déterrée n’a plus grand-chose de musique, la ranimation a été poussive, et c’est une chimère assez flippante qui s’est extirpée de ce profond coma.





Une masse électronique informe criblée de faux-contacts nommée Analysis, composée de dix morceaux sinistres. Quatre éléments principaux : une voix caverneuse d’outre-tombe, une guitare électrique sursaturée, des arpèges de synthétiseurs, une boîte à rythmes de boucherie industrielle. Approche mathématique et asentimentale saupoudrée de survoltage, résistances qui fondent, condensateurs qui explosent. La gravité n'arrive plus vraiment à rassembler des éléments si perturbés qu'ils explosent dans un chaos absolu.





Des boucles interminables, répétées toujours plus que ce que l’instinct suggère, dégageant une oppression difficilement supportable (Koudlam es-tu là ?). Les jeux d’apprenti sorcier finissent souvent mal, et la déontologie réprouvera sûrement cet essai de laboratoire avec le temps. Ou est-ce un code génétique d’antan recréé ex nihilo, une construction purement théorique qui n’était jamais censée avoir de représentation physique ; explication logique pour une musique qui ne se situe ni dans le temps ni dans l’espace, n’a ni début ni fin, ni genèse ni avenir...