samedi 21 juillet 2012

The Cast of Cheers : Chevauchée funeste


Alors que sort leur deuxième et génial album Family, il est plus que temps de se pencher sur la première percée de l’un des groupes les plus saisissants du moment : les Irlandais de  The Cast of Cheers. Intitulé Chariot, ce premier essai réussi, proposé en téléchargement gratuit, a fait chauffer Bandcamp il y a deux ans. 




Arborant une image qui a sa place dans le top 10 des pochettes les plus infâmes jamais sorties dans l’histoire de la musique, Chariot se résume à 33 minutes de math rock (ou "robot rock" comme semblent le préférer les membres du groupe, mais la nuance doit être ténue) sans concession, sans pauses ni détours. Les ingrédients classiques de ce style en expansion sont réunis : jeu mécanique et en boucles, chants spontanés en chœur, quelques touches d’électroniques et quelques dissonances intéressantes pour bousculer l’oreille inattentive. 




Si on ne peut s’empêcher de penser aux Foals, The Cast of Cheers a son identité propre. Un mélange de précision technique imparable et de spontanéité mélodique, qui sur Chariot apparaît beaucoup plus écorchée que sur Family. Après tout il s’agit de fin du monde, et les chansons sont bien plus sérieuses que ces néo-amazones rétro futuristes marchant sur leur lac de brume au clair de lune. 


De la brume on en retrouve quand même. Sur I Am Lion et Tigerfox, avec leur guitare éthérée, sur Strangers ou Auricom, des sommets d’inventivité. En fait cette pochette est peut-être sérieuse, car les chansons provoquent le même malaise angoissant, positif et grandiose tout en étant sujet à la panique. Ce sont 33 minutes de fuite en avant, et le groupe nous met en garde contre la chute du chariot en route, car en-dessous ce n’est pas la route mais le vide. 




L’empressement entêtant de Derp ou Autoshottie vous emmènera rapidement jusqu’au délié apocalyptique de Deceptapunk, aux sinistres samples de voix rappelant un peu le froid glacial de Crystal Castles ou de Trust. Basse sauvage toujours, la fin du voyage se fait sur Glitter, ultime et brillant chapitre du décathlon infernal. La tension monte jusqu’à l’explosion cacophonique, ne laissant derrière elle que ces diaboliques soupçons de guitares en boucle, parasites immortels qui n’auront pas laissé un seul morceau tranquille.




Une fois le disque écouté, vous pourrez considérer Family comme une ataraxie bien méritée : l’atteinte de la quiétude après l’écartement des tourments.

Chariot est disponible en téléchargement libre ici.



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