On a tous côtoyé l’indécrottable premier de la classe. Appliqué, policé, peigné et souvent extrêmement irritant pour ses collègues de pupitre. Mais comme on ne peut pas tout avoir, ce timide binoclard, généralement malingre et asthmatique, devait frôler les murs hors de la salle de classe pour éviter les perverses vengeances que ses gentils petits camarades ne manquaient pas de lui faire subir avec délice. Scènes typiques qui ont offert au 7ème art certaines de ses plus belles séquences.
Et bien dans la turbulente pépinière pour jeunes pousses musicales Team Me semble être de ceux là ; à la grande différence près que le petit génie ne semble avoir aucun point faible, ni infirmité sur lesquelles on pourrait concentrer attaques et coups bas. Pas de lunettes à briser, encore moins d’inhalateurs de Ventoline à subtiliser. Imaginez un Einstein qui aurait la musculature de Nadal et le sourire de George Clooney... Voilà six sympathiques norvégiens qui produisent une pop précieuse et arrivent à allier brillance, simplicité, délicatesse et virtuosité. Et en live leur show est particulièrement intense sans tomber dans le grandiloquent. Un peu trop parfait pour être honnête, dites-vous ? Autant vous dire que nous sommes encore activement à la recherche de leur talon d’Achille. Bon, sans succès pour le moment… mais ne perdons pas espoir. On arrivera bien à les remettre à leur place ces jeunes blanc becs qui se prennent pour les Shins !
Tout comme les jeunes britanniquesAlt-J, Coastal Cities ou Egyptian Hip Hop,Team Me brille par la grande qualité de sa non moins très réduite discographie. Un EP et un album exemplaire, voilà pour le moment les seules productions du jeune leader, Marius, épaulé par son solide sextet. Et pourtant, face à la richesse des arrangements et la profondeur du son qui s’en dégage l’on jurerait être face à l’œuvre d’un groupe plus que confirmé. A peine quelques poils au menton et une maturité musicale déconcertante. Il est loin le temps ou l’on rentrait dans un groupe avant de savoir jouer de son instrument.
Tout commence avec Dear Sister, single/carte de visite impeccable. La suite s’enchaîne sans aucun accro. Admissible dès 2011 grâce au sans faute des cinq pistes du Team Me EP, c’est donc les doigts dans le nez et sans surprises qu’ils rentrent en 2012 dans la cour des grands avec un 20/20 mention spéciale du jury pour l’exemplaire To the treetops.
Délicatement égrenés au synthé et à la guitare, les mélodies accrocheuses sont, dès la première écoute, imparables. Du riff sautillant de Come Down au refrain de Kennedy Street en passant par les savants arrangements de Weathervanes and chemicals rien n’est à jeter.
Et là où, déluge de synthés et guillerettes mélodies aidant, ils flirtent dangereusement avec le mielleux voire le pâteux, voilà que le sur-place est évité par de sublimes pirouettes pop. Preuve à l’appui avec les ampoulés, mais non moins superbes Show Me et Patrick Wolf & Daniel Johns. Les violons artificielles se déchaînent, les voix de faussets batifolent gaiement dans un joyeux pot-pourri, assurément kitch mais tellement jouissif.
Très bons musiciens, mélodistes hors pair, arrangeurs confirmés, ils manipulent également le jeu des émotions avec brio. La poignante et enchanteresse ballade Favorite Ghost s’immisce au plus profond des tripes et distille un vague à l’âme funeste à se balancer du haut d’une falaise dans l’océan déchaîné. Les vénéneuses sirènes de l’Odyssée n’auraient certainement pas fait mieux.
Bref, devant un tel dossier scolaire ce n’est pas une classe que l’on ferait sauter à Team me, mais une bonne dizaine. « Hein monsieur le proviseur ? Le début d’une belle et longue aventure vous dites??? » Sûrement… D’autant plus que le crew scandinave ne semble pas dénué d’ambition. Il suffit de jeter un coup d’œil à l’onglet « bio » que l’on trouve sur leur page Facebook. Sous forme de recette du succès en cinq points. Et celle-ci ne demande qu’à être complétée :
1. Marius made some songs.
2. Some friends joined him.
3. They made an EP.
4. They made a CD.
5. They are now traveling around with yo-yo's and skies and having a really good time.
Simple et révolutionnaire… Il fallait juste y penser !
Et pourquoi ne pas imaginer, un de ces jours, voir des milliers de briquets s’allumer et onduler gracieusement au son de Me and the Moutain dans un stade de 100 000 places ? La relève est en marche on vous dit...
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