Bonjour jeunes gens. Prenez vos annales d’histoire contemporaine un peu après l’accession de Gorbatchev au pouvoir en URSS s’il vous plait. Et accrochez vous, c’est maintenant parti pour une petite leçon de musicologie avancée. Mick et sa bande plus punk que les Sex Pistols ? Drôle de présupposé pour les papys du rock’n roll vous dites…
Pourtant, en 1986, on était tout à fait en droit de se poser la question ! La situation géopolitique ne se porte pas fort : l’apartheid en Afrique du sud est encore d’actualité, les derniers soubresauts de la guerre froide se font ressentir, la famine fait rage en Ethiopie et la France s’empêtre dans un micmac diplomatique avec le torpillage du pauvre Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande... Pour les Stones ça n’est pas plus brillant. Les relations ne sont pas au beau fixe entre Keith et Mick, elles semblent même carrément exécrables. Problème de drogue des uns, infidélités artistiques des autres, désaccords chroniques pour tous… C’est donc le moment de faire le sale boulot avec le bien nommé Dirty Work. Pas vraiment d’humeur à pousser la chansonnette et à faire danser les midinettes, les (déjà) vieux briscards du rock sont là pour faire le job, et puis c’est tout. Le résultat est un glacial brulot plein de frustrations mal digérées et de haines à peine voilées ; et les chansons s’enchainent, frénétiquement, suivant l’affolant tempo martelé par un Charlie Watts bien loin de ses amours jazzy. Plus vite cette sale affaire sera terminée mieux ça sera pour tout le monde.
Petit tour éclair des riffs les plus crados du disque…
Dès l’ouverture et la tonitruante intro de One hit (to the body) la tension est à son comble sur le ring. Un rythme de charleston et une lourde grosse caisse comme compte à rebours, et voilà qu’au top départ deux riffs de guitares acérés se jettent l’une sur l’autre comme deux chiens affamés qui seraient tentés par le cannibalisme. Et lorsque caisse claire et voix font leur apparition, pressées d’en découdre, le combat vire rapidement au free fight. Vraisemblablement le potard de saturation de son ampli bloqué au niveau 8,5/10 Keith Richards et Ron Wood prennent un malin plaisir à balancer des salves de décibels. Ce n’est plus un bête groupe de rock, mais bien une batterie de DCA en pleine contre-offensive aérienne. Et avec Charlie Watts en précieux soutien qui pilonne, inébranlable, derrière ses fûts, c’est gagné d’avance. Et petit détail pour briller en soirée mondaine, derrière le solo de guitare éclair se cache un maitre de la six cordes… Jimmy Page en personne !
Mais pourquoi Hold Back n’est-elle pas devenue un hymne punk gravé dans le marbre pour plusieurs générations? Face aux éructations vocales de Sir Jagger et à la rythmique échevelée qui ne souffre d’aucune baisse de régime durant toute la durée de la chanson, on est en droit de se poser la question. Tutoyant dans un premier temps Clash et Sex Pistols elle s’oriente peu à peu vers des développements légèrement funky … Un étrange métissage qui s’aventure dans une terra incognita qu’exploreront à foison les Red Hot Chili Peppers quelque temps après sur Freakey Styley, Mother’s Milk ou Blood Sugar Sex Magic.
Place maintenant à Dirty Work, morceau éponyme, qui décline, dans la même veine que les deux titres précédents, un rock brutal et frénétique. Mais tout en conservant cette méchanceté primaire, il renoue avec des plans plus familiers pour les Stones des années 80. « Let somebody do the Dirty Work », dégobille Jagger avec dégoût. Les riffs de Richards, hautains, répliquent avec agacement.
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