Bonus Tracks: Naissance d'une nouvelle rubrique !
Parce qu’à
l’heure des comptes premiums et des
applis payantes le marketing est passé maitre dans l’art de jongler avec nos
frustrations… On en veut toujours plus et on n’en aura jamais assez !
Désaccords Mineurs aussi s’adapte… Mais, Grand prince, avec les petits extras de Bonus Tracks vous gagnerez davantage
sans rien devoir débourser. Au
programmes : interviews décalés, Live reports incongrus…. et pas mal
d’autres surprise… Encore mieux que les
cadeaux du paquet de Chocapic !
Live report : Goodshirt, la place de concert à 1000 balles
Vendredi soir j’étais à Auckland et il y avait un concert de
Good Shirt au Bacco Room. Ils n’ont pas joué ici depuis 2004, à l’époque de
Fidji Baby, donc c’était une assez bonne occasion d’aller les voir. En
Nouvelle-Zélande, Good Shirt est l’un des groupes indépendants jouissant de la
plus grande popularité et de la plus ample promotion, en dépit de leur faible coefficient
d’exportation ; ils font la une des magazines culturels distribués dans la
rue et l’affiche de leur nouvel EP Skinny Mirror recouvre pas mal de devantures
de magasins de musique. C’est une assez bonne surprise.
Le groupe se produit dans une salle appelée donc le Bacco
Room, qui en fait de salle de concert est plutôt l’extension d’un restaurant
italien bobo à souhait, avec des tables à nappes blanches, bougies et bouteilles
de Sauvignon dans les coins, contredisant ma première impression lors de l’entrée
en sous-sol qui se fait par un sordide escalier, très underground, rampant dans
un bas côté de la très peu engageante Nelson street. Le public est clairsemé et
essentiellement quinquagénaire, je fais un rapide calcul mental pour vérifier
que les membres du groupe ne peuvent pas avoir le même âge, peu rassuré par le
prix et le goût de la bière qui avoisinent le business model des terrasses du 7ème
arrondissement.
Un premier groupe, She’s So Rad, arrive sur scène. Un duo
mixte avec guitare, boîte à rythmes et synthé chip, qui entame un set de dream
pop au son très écorché, aux mélodies assez intéressantes mais peu propices à
la représentation scénique. Même si ça réveille les acouphènes, ça reste
plaisant, mais le public et les fans sont absents ; les verres de blanc
sont en supériorité numérique face aux bouteilles de bière, et l’ambiance est
plus proche d’une soutenance de thèse que d’une débauche shoegaze du weekend.
Les choses s’arrangent nettement à l’arrivée de la seconde
première partie. Un dénommé Tom Lark, fraîchement débarqué de Christchurch,
attaque une heure entière de brit pop. Jamais entendu parler de lui de près ou
de loin, d’où un plaisir décuplé à l’écoute de chacune de ses compositions,
toutes excellentes et accrocheuses, très proches de ce que les Eversons ont
produit récemment. Le groupe est calé, le son est de qualité et les fans sont
là. Les lignes mélodiques du synthé font mouche, comme la voix de M. Lark, très à l’aise dans
son registre. Probablement la meilleure première partie que j’aie vue avec
Alt-J.
Le groupe
s’efface en annonçant Good Shirt, excitant un public qui a perdu quelques décennies.
Un quart d’heure s’écoule, puis une demi-heure… Attente anormale et assez
pénible, quoiqu’adoucie par la diffusion d’Arcade Fire et de Modest Mouse. Le
public s’est encore densifié et échauffé, et lorsque les lumières s’éteignent,
c’est sous un brouhaha d’acclamations que Good Shirt arrive enfin sur scène...
Le groupe
attaque par Blowing Dirt, Place To Be et Buck It Up, annonçant le niveau de la
prestation. Le son est parfait, l’interprétation sublime, l’énergie totale.
Rodney Fischer, le chanteur, est fou. Il se trémousse et se roule par terre, se
donnant à 200% sur chaque chanson, ne pouvant à aucun moment effacer son
sourire et sa joie de jouer, tripant avec Gareth Thomas, comme deux adolescents
qui se préparent à faire un canular.
Les
titres de Good et Fidji Baby s’enchaînent quasi intégralement, entre power pop,
ballades et essais plus sombres (Dumb Day) entourant les quelques petites
nouvelles de l’EP, qui me font comprendre que je ne l’ai pas encore assez
écouté. Batterie syncopée, guitare électrique subtile qui se pose par fines
touches pour renforcer le rythme des morceaux, synthé passant de grosses basses
analogiques à de fines lignes mélodiques (il n’y a pas de bassiste).
Good Shirt est un groupe professionnel, et lorsqu’ils
entament Sophie ou Fidji Baby, l’accompagnement des fans indique bien que leur
notoriété n’a en rien baissé malgré les presque dix années d’inactivité. Au
bout d’une heure et demie, le groupe fait mine de partir, mais ne tient pas
une minute en backstage avant de revenir jouer les phénoménales Green et Mousey
dans un bordel total. Je pars à une heure du matin dans le froid de l’hiver
austral, convaincu que les concerts parfaits existent.
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