mardi 21 février 2012

On écoute et on assume (VI) ! : La Fight Pop bruitiste de Dananananaykroyd



En manque de sensations fortes ? Un petit trip hors norme, ça vous tente ????? Mieux que l’ecsta, l’héro, la coco, les champis, le LSD,  la kroco et toute autre substance prohibée, tentez une petite dose de Dananananaykroyd ! Pas besoin de seringue rouillée, de cuillère tordue ou de sac en plastique et les stups vous laisserons en paix. Le shoot se prend tranquillement affalé dans un fauteuil, une chaine hifi digne de ce nom à proximité immédiate… Facile. Mais attention aux effets sur vos fragiles neurones, et ne soyez pas trop gourmands, évitez  la surdose. Ce concentré d’énergie pourra en effet au premier abord en rebuter certain et devenir assez vite éreintant pour l’ensemble de nos pauvres petites terminaisons nerveuses sans défenses. Préparer vous à passer vos sens à la moulinette avec un groupe UK haut en couleurs qui n'est pas sans rappeler le math rock perfectionniste de leurs compatriotes de Three Trapped Tigers ou les néo-zélandais surexcités de So So Modern, déjà chroniqués sur ce blog.

Bodies Like Holes by Dananananaykroyd on Grooveshark

Comment ne pas être désarçonné par  la musique de ces quatre écossais de Glasgow? Mélodies pop, guitares rock, batterie punk, hurlements métal…  Dananananaykroyd lorgne vers tout ces styles à la fois sans vraiment se rattacher à un seul d'entre eux au final.  A l’image de l’ouverture du second album, Bodie like holes, ça commence tranquillement, comme tout bon petit groupe de rock british qui se respecte : un riff sautillant, une gentille mélodie accrocheuse, un niveau de saturation qui a du peps dans la limite acceptable des bonnes mœurs ; mais pourtant dès le début il y a bien un petit quelque chose de pas très net : écoutez la batterie, la partie rythmique est bien trop survitaminée pour être honnête (Comme si Travis Barker de Blink 182 s’était retrouvé à faire péter les doubles croches syncopées dans un morceau minimaliste des White Stripes…  Plutôt incongru) ;  et là sans crier gare voila le sympathique carrousel  un peu élimé mais toujours aussi  attachant de la british pop qui s’emballe à une vitesse folle ; nous voila partis dans un tour vicieux de montagnes russes  sans barre de sécurité. 
Ce délicieux cauchemar sonore tient autant de l’artefact des Klaxons sous acide, que d'un hypothétique clone pop du chantre du mouvement hardcore, Black Flag, mais en omettant le coté Straight Hedge de la démarche…  Bienvenue dans l’univers déjanté de la « Fight Pop », néologisme très à propos créé pour l’occasion par les membres du groupe.  Et lorsqu’ils déclarent à l’occasion d’une interview une phrase super bateau  (« Nous sommes six personnes essayant de faire parler nos cœurs à travers nos instruments ») que des centaines de musiciens auraient également pu prononcer, poussés par l’équipe marketing avisée d’un label respectable, on serait plutôt tenté de croire à leur sincérité. D'autant plus lorsque l'on apprend que la tension est telle durant leurs concerts que bon nombre desdits instruments se retrouvent fréquemment réduis en miette. Cerise aux amphétes sur le gâteau, une anecdote rapporte que l'un des musicien s'est même retrouvé aux urgences au bout de trois chansons après s'être blessé en se trémoussant de manière un peu trop frénétique sur la scène ...  Des puristes !

Hey James by Dananananaykroyd on Grooveshark

Après un tour de chauffe réussi avec Hey Everyone ! ,  premier album en 2009 et une prometteuse chanson Hey James qui se distingue déjà par la douloureuse performance vocale du gosier de la bande, c’est en 2011 que paraît There Is A Way, deuxième opus diablement efficace truffé de brûlots bruitistes explosifs.  Think & Feel est une magistrale mise en pratique de cette folie salvatrice. Un riff épileptique rugit implacable et impeccable  tandis que des voix hallucinées fusent de toute part. Et pas moyen de demander grâce, le tout ne faiblit pas une seule seconde jusqu'à la bouillie sonore du finish où l’on semble même discerner quelques lignes de saxo sous acide.


Reboot, All us authorE numbers ou Muscle Memory sont autant d’épreuves de force ou autodérision décapante, émotions à fleur de peau  et très forte rigueur musicale s’articulent pour mettre à jour dans une certaine douleur des morceaux fascinants. On savourera également leur sens de l'humour avec le clip très bien senti de Muscle Memory.






Mais comme pour toute prise de stupéfiant, la descente s’avère difficile à gérer. C’est ainsi à titre posthume qu’il faut parler de Dananananaykroyd, fraîchement séparé après un dernier live le 12 novembre 2O11. Pauvres accros que vous êtes désormais, il ne vous reste plus qu’à gratter jusqu’à la moelle les vestiges qui constituent les deux albums fulgurants… Et pas une cure de désintox ne pourra vous en sortir ! 





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