JOHNNY Cash, JOHNNY Lee Hooker, JOHNNY Winter, JOHNNY Rotten, JOHNNY Mercer, JOHNNY Clegg, JOHNNY Thunder, JOHNNY Ramone, JOHNNY Halliday, JOHNNY Marr… Et la liste est encore longue ! Vénérable dynastie de célébrités en tous genres et particulièrement musicales, les Johnny ont plus d’une fois trusté le top des charts ou du moins sont des habitués des "unes" de tabloïds aux quatre coins du globe…
Et combien de langues baveuses prépubères se sont maladroitement entremêlées sur l’imparable mais non moins simpliste refrain de la chanson d’un certain Chuck B. qui narre l’histoire de Johnny, garçon de campagne de la Louisiane profonde ? Ce pauvre bougre ne sachant ni lire ni écrire jouait pourtant de la guitare avec une virtuosité inégalée (« Go go / Go Johnny go / Go Go Johnny go/ Go Go Johnny go / Go go Johnny go/ Go Johnny B. Goooood »). Bon mais ce coup là, et vous ne me contredirez pas mesdemoiselles, ça marchait au plus chaud de l’été 1958, mais maintenant on ne vous ne le fait plus le stratagème ringard du morceau brinquebalant joué avec des doigts gourds sur une vieille gratte désaccordée !? Après le fatidique 11/11/11 il vous en faut un petit peu plus pour vous en mettre plein les mirettes, nan ? Bref, ce plouc de Johnny, américain moyen par excellence, ne fait plus rêver personne et n’a aujourd’hui plus aucune raison de quitter sa station à essence merdique du fin fond du Minnesota ou son ranch miteux du Kentucky. Et donc vous pensiez le filon des Johnny épuisé depuis belle lurette? Et bien détrompez vous ! Il en existe encore au moins un plus que fréquentable dont vous n’avez sûrement jamais entendu parler… Johnny Flynn ça ne vous dit rien n’est ce pas ? Et bien ça bah, c’est fort fâcheux !
Ce n’est pas outre-Atlantique, mais outre-manche qu’il faut aller chercher ce dernier. Distingué sujet de sa non moins distinguée Majesté Elisabeth II, Johnny Flynn n’est pas à proprement parler un bouseux. A la base acteur classique il s’évertue avec sa troupe londonienne, la compagnie Propeller, de faire perdurer la flamme et l’émotion de la grande tradition du théâtre élisabéthain et de son plus fidèle représentant, Shakespeare, sur les scènes du monde entier. Pourtant, si c’est un habitué des chemises à jabot, cela ne l’empêche pas, en parallèle, de remonter ses manches à froufrou et de mettre les mains dans le cambouis. En effet dès 2008 il débute contre toute attente une carrière musicale sans concession qui allie admirablement brillance et ascétisme. Et tout comme son lointain cousin du nouveau monde, il compose une musique profondément influencée par les chansons populaires traditionnelles. Issu de la country pour le héros de Chuck Berry, celle-ci est d’essence folk pour Flynn et trouve ses origines dans le patrimoine irlandais vernaculaire.
Tour à tour rêche comme la parois d’une falaise battue inlassablement par les éléments, doux comme la souple texture de l’argile fraiche, riche et profond comme les tonalités d’un ciel d’orage , étourdissant comme le bouquet de senteurs d’un sous bois humide, son premier album, A larum, est un remède de grand-mère qui nous vient du fond des temps et qui fait avant tout un bien fou.
Œuvre dépouillée et fascinante, on s’y perdrait bien, comme dans les rides du visage buriné d’un centenaire qui raconterait inlassablement les inépuisables récits de sa longue et passionnante existence au coin d’une délicieuse flambée d’hiver. Disque hypnotique, A Larum distille des chansons qui semblent venues d’un autre âge (Brown trout blues, Shore to shore, Wayne Rooney…). Ainsi de délicats violons sont à l’honneur dans le nostalgique Sally tandis qu’un sautillant banjo s’invite à l’occasion du guilleret Eyless in holloway.
Et pourtant, ne vous laissez pas berner par la voix chaude de cet ensorceleur professionnel ! Johnny Flynn est un acteur, ne l’oubliez surtout pas !!! Depuis quand les chanteurs du terroir folklorique british ont-ils un tel accent précieux digne du plus impeccable Lord de la chambre du même nom ? Cherchez l’intrus dans Hong Kong Cemetary: et bien oui trompette ne rime pas vraiment avec Guiness je vous l’accorde ! De même, la lourde rythmique de l’implacable Cold bread propulse insidieusement le morceau dans des sphères bien plus rock que l’eurent voulu les bonnes mœurs. Idem pour le final échevelé de All the dogs are lying down qui lorgne quant à lui vers une pop flamboyante bien plus à sa place dans une salle londonienne hype de Camden que dans un pub croulant du fin fond du Donegal. Et puis d‘abord, quand on y pense, Hong Kong Cemetary, un bien étrange titre pour une chanson folk… Et oui ce jeune prodige, en apparence si respectueux du patrimoine de l’ancienne garde réalise en y regardant plus près d’audacieuse contorsions entre la tradition et de multiples autres influences. Apprenti sorcier de génie, le voilà qui rajoute allégrement au nectar folk originel de nouvelles saveurs mystérieuses et des aromates toujours plus exotiques, et pour produire une décoction musicale décomplexée et dépoussiérée, mais jamais vidée de son essence originelle. C’est du Johnny Flynn tout simplement.
Œuvre dépouillée et fascinante, on s’y perdrait bien, comme dans les rides du visage buriné d’un centenaire qui raconterait inlassablement les inépuisables récits de sa longue et passionnante existence au coin d’une délicieuse flambée d’hiver. Disque hypnotique, A Larum distille des chansons qui semblent venues d’un autre âge (Brown trout blues, Shore to shore, Wayne Rooney…). Ainsi de délicats violons sont à l’honneur dans le nostalgique Sally tandis qu’un sautillant banjo s’invite à l’occasion du guilleret Eyless in holloway.
Et pourtant, ne vous laissez pas berner par la voix chaude de cet ensorceleur professionnel ! Johnny Flynn est un acteur, ne l’oubliez surtout pas !!! Depuis quand les chanteurs du terroir folklorique british ont-ils un tel accent précieux digne du plus impeccable Lord de la chambre du même nom ? Cherchez l’intrus dans Hong Kong Cemetary: et bien oui trompette ne rime pas vraiment avec Guiness je vous l’accorde ! De même, la lourde rythmique de l’implacable Cold bread propulse insidieusement le morceau dans des sphères bien plus rock que l’eurent voulu les bonnes mœurs. Idem pour le final échevelé de All the dogs are lying down qui lorgne quant à lui vers une pop flamboyante bien plus à sa place dans une salle londonienne hype de Camden que dans un pub croulant du fin fond du Donegal. Et puis d‘abord, quand on y pense, Hong Kong Cemetary, un bien étrange titre pour une chanson folk… Et oui ce jeune prodige, en apparence si respectueux du patrimoine de l’ancienne garde réalise en y regardant plus près d’audacieuse contorsions entre la tradition et de multiples autres influences. Apprenti sorcier de génie, le voilà qui rajoute allégrement au nectar folk originel de nouvelles saveurs mystérieuses et des aromates toujours plus exotiques, et pour produire une décoction musicale décomplexée et dépoussiérée, mais jamais vidée de son essence originelle. C’est du Johnny Flynn tout simplement.
Dès l’ouverture de l’album, The Box est un modèle du genre. Mélodie impeccable où la voix grave de Flynn se marie parfaitement avec le cœur féminin du refrain, instrumentaux parfaitement dosés entre guitare délicatement grattée, violon dissonant mais pas trop, trompette savamment distillée pour faire monter la sauce à partir des deux tiers du morceau, le tout porté par une batterie qui arrive à être discrète et puissante à la fois. Les bases sont posées ! Il n’y plus qu’à enchaîner. Et dans les 13 pistes suivantes ainsi que dans les 11 de l’album suivant, bloody hell, mais que c’est bien réalisé !
En deuxième position The wrote and the writ est la grande réussite du disque. Imparable et intemporelle, elle prend aux tripes dès l’intro. Bluffant exercice de style traditionnel, l’impression d’écouter un vinyle grésillant se fait sentir durant toute la chanson. Juste le temps de s’en remettre et voilà que Tickle me pink en remet allégrement une couche; morceau énergique celle-ci, greffé sur un rythme d’enfer explose admirablement en vol. Autre claque, le brut Hong Kong cemetary, ode funèbre qui mêle trompettes et cœurs pour produire un requiem brinquebalant et sublime.
Si le deuxième album, Been Listening, à l’image du single Kentucky pill, de Sweet William part 2 ou de The prizefighter and the hairess, sonne de manière générale moins « brut de décoffrage », les finitions plus soignées réussissent, plus que jamais, à créer des atmosphères uniques qui s’adressent avant tout à nos tripes. Et le hold up de nos émotions continue avec Lost and found et ses cœurs fabuleux, la ballade admirablement ciselée Been listening ou le sémillant Barnacled warship … Et pourtant ce garçon, blasphémateur multirécidiviste, continue de se foutre de nous sans vergogne ! Vous ne remarquez pas les sacrilèges à répétition? Mais que viennent faire ces trompettes de Mariachi et cette rythmique reggae dans Churlish May ? Et ne parlons même pas du bluesy Howl bien plus à sa place de l’autre coté de l’Atlantique…
A noter également la production en 2009 de l’impeccable Sweet William EP entre les deux albums. Pas la peine de s’épancher plus sur les quatre morceaux qui le composent. Mais sachez que de The mountain is burning à Drum tout est là ! Indispensable donc…
Last but not least, CQFD, thèse, antithèse, synthèse : et bien non ! Vous voyez bien maintenant que les Johnny ne sont pas tous morts et enterrés ! En voila un qui porte la relève avec un flegme et une classe toute britannique plus que rafraîchissante. Avec Johnny Flynn la succession est plus qu’assurée. Et puis d’abord de quelle relève parle-t-on ? Un Johnny ne se rend jamais, c’est bien connu ! Il n’y a qu’à voir la résurrection de notre fringant exemplaire national qui, après avoir passé plusieurs mois sur les planches (tiens lui aussi !), vient d’annoncer la mise en ligne sous peu d’une nouvelle chanson gratuite avant d’écumer de manière moins philanthropique tout les stades et zéniths de l’hexagone… Profitez bien du tuyau, parce qu’à sa sortie celle-là on ne la chroniquera pas!
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