vendredi 9 mars 2012

The Awesomest Song(s) of the Week (XVI) : The Wave Pictures




Minimalisme, rigueur esthétique, voie immuable, The Wave Pictures est un groupe qui subjugue par son homogénéité et sa constance. Trio à la productivité impressionnante, les Anglais de Wymeswold nous offrent depuis 2004 une sorte de pop dépressive et désabusée, aussi triste qu’elle est belle.





The Wave Pictures tourne autour d’un homme : David Tattersall, qui fait de chacun de ses morceaux une dramaturgie en y aposant sa voix torturée, étranglée, rappelant un peu les débuts de Dylan. Chaque piste est une sorte de ballade, même quand elle dynamique et ornementée ; le déroulement est systématiquement linéaire et simple, puisant son essence au fin fond des âges ténébreux du genre, à savoir la musique irlandaise (de laquelle découle toute la vague country et folk qui s’épanouit plus facilement aux Etats-Unis). Mais Tattersall a aussi révisé le travail de ses compatriotes : difficile de ne pas sentir l’influence de la cold wave de Joy Division,  de l’hybride rock punk de Gang of Four ou du romantisme façon Sturm und Drang des Smiths. Plus proche de nous, on peut aussi évoquer le folk minimaliste d’Herman Düne.



Trêve de références, car The Wave Pictures est un groupe authentique, avec une atmosphère propre et inimitable. Parfois la guitare folk laisse place à l’électricité, et là les dons de Tattersall évoluent en parfaite liberté, dévoilant un virtuose que l’on n’osait plus espérer dans ce style de musique. Manier technique et inventivité sans jamais sombrer dans la démonstration oiseuse est très périlleux ; ici cela fonctionne à merveille, chaque solo est l'expression d'une idée, sublimée par le son crade et brouillon d’une immuable Gibson SG. En concert, le groupe fait penser à trois ados malaisés se demandant s'ils ont bien fait de vouloir jouer sur scène. Le bassiste d'une timidité excessive est à peine sauvé par un chanteur presque aussi immobile que lui, qui tente une rapide biographie auprès du public, entre deux morceaux chantés les yeux au plafond, s'éloignant par intermittences du micro pour gagner en performance intimiste.






Eskimo Kiss, tout nouveau single devançant la publication du septième opus du groupe qui sortira en avril (Long Black Cars), est la première chanson chantée par le batteur Jonny Helm. Sa voix renforce encore plus le côté british de la chose, à la limite de la révolte urbaine. La rythmique reste, elle, dans la plus pure tradition du groupe, tout comme la ligne de basse et le sublime solo de guitare, toujours aussi inspiré et nerveux.
Il vous reste un mois pour assimiler les six disques qui vous permettront d’appréhender Long Black Cars comme il se doit !



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