mardi 17 avril 2012

On l'écoute et on l'assume (IX) : Familjen



Une électronique d’un froid polaire, piquante et dure, souvent sinistre, c’est la musique du Suédois Johann T Karlsson, alias Familjen, un Suédois de Hässleholm évadé à Malmö. Un chant mi suédois mi scanien - ce qui est un choix trop rare considéré la sonorité des langues scandinaves – des boîtes à rythmes dancefloor, de lourdes lignes de synthé, tout est à mi-chemin entre mécanique sans âme et subtilités mélodiques. Rêveuse, évasive, contemplative par la voix, cette musique est martelante, oppressante et même violente par l’instrumentation. Deux disques seulement, mais aucune erreur, ce qui suffit à asseoir sa crédibilité de compositeur. 




Karlsson n’est pas issu du sérail, c’est juste un bidouilleur qui est né au bon endroit, parvenant facilement à se constituer une notoriété locale dans sa ville natale de 18000 habitants. Le talent combiné à un réseau de labels compétents lui font très vite enregistrer « Det Snurrar i min skalle » en 2007. Il ne cherche déjà plus son style, il l’avait trouvé avant même d’envisager de faire de la musique, il a toujours été là et s’exprime donc tout naturellement pendant quarante minutes. Un style malléable, lui permettant de satisfaire à des exigences micro-commerciales, remplies par le morceau éponyme et Huvudet I Sanden, sorte de dance passée à la moulinette de l’innovation électronique suédoise.



Det Lilla Livet, tout comme le côté pop de Nån Gång, conviendraient également aux bonnes radios. En revanche, l’oppression de Det Vet Du, le dépouillement de Första Sista ou l’improvisation délirante de Hög Luft (la plus suédoise du disque) sont bien moins calculés, et permettent d’envisager Familjen comme un groupe clairement indépendant.
Le disque, pris en charge par le label de Royksöpp et Kings of Convenience, distribué jusqu’en Australie, fait son buzz et lui donnent l’occasion de se produire à travers toute la Scandinavie.




Mänskligheten, sorti en 2010, est bien plus hétérogène et explore de nouveaux sentiers. Commençant par un morceau très bête et très méchant (ce qui le rend charmant), le disque propose des morceaux faciles d’accès, rafraîchissants comme När planeterna stannat, qui nous fait l’honneur d’une guitare et d’une batterie inattendues, ou Djungelns lag, sorte d’hymne faisant penser à la bonne période de Peter, Björn & John



La palme revient au single Det Var jag : tout est juste, finement ciselé, rempli d’idées, avec ce mélange immuable de douceur et de brutalité. Mitt Bästa ou Vems lilla hjärta aident à recadrer l’objet : Familjen a trouvé le point juste équidistant entre Casiokids et Little Dragon. Mais il ne l’avait pas préparé, il est né en même temps qu’eux, participant au monstrueux élan de créativité de la Scandinavie dans les années 2005-2010. Ecoutez Viggo, et songez que cette musique fait partie d’un chapitre qui deviendra historique.






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