vendredi 13 avril 2012

Pete & the Pirates, valeur sûre du rock à l’horizon !


Comme le dit l’adage bien connu c’est dans les vieilles marmites que l’on mitonne les meilleures soupes. Etre un amateur de bonne musique respectable, c’est parfois aussi ardu que de se prétendre gastronome irréprochable. Le fin gourmet se devra de se pâmer devant les dernières « merveilles » ectoplasmiques des savants fous les plus en vogue de la cuisine moléculaire. Mais au fond de lui ne préférerait-il pas plonger sa fourchette en argent dans un bon cassoulet fumant et crépitant ? Tout comme les papilles gustatives et le système digestif, les tympans sont des organes grégaires auxquels il ne faut pas trop en demander.  Issu d’une époque où il était avant tout nécessaire d’entendre le tigre à dents de sabre s’approcher et de localiser la distance d’un troupeau de mammouths potentiellement dévastateurs, le bon Dieu ne les a pas façonnés pour s’extasier devant le sophistiqué et le futile.
Parfois le bon sens populaire se chargera de nous le rappeler.  Les forbans de Reading, UK, Pete & the Pirates l’ont également  parfaitement intégré dans leurs deux albums, pas révolutionnaires pour un sou. Les plaisirs simples du rock sont ainsi à la base de la recette magique qui fait de Little Thing  de One Thousand Pictures de délicieuses parenthèses à savourer loin de la course effrénée vers le toujours plus hype et/ou conceptuel.

Intro - couplet - refrain - recouplet - rerefrain - Pont/solo - outro… En somme, Pete and the Pirates, c’est aussi simple que la structure d’une BD de Mickey Parade, une partie de petits chevaux ou un menu D9 du jap du coin ! Tout au long de leur premier cru, Little Death, paru 2008, ils s’attèlent à nous rappeler que le rock c’est juste une succession d’accords plus ou moins saturés qui feront mouche accolés les uns à coté des autres et de parties mélodiques entêtantes ayant pour objectif de coller au maximum le cortex de l’auditeur. Exemple parfait avec Mr Understanding et son refrain super-glue répété inlassablement.
L’efficacité du premier single de l’album, Come on feet, émoustille quant à lui les neurones en moins de temps qu’il ne faut pour dire « ouf » et donne une étrange impression de déjà vu.

Même constat avec une autre douceur garantie sans OGM, Lost in the woods. La guitare a tout bonnement un putain de son de guitare, la basse ronfle avec le plaisir d’une quatre cordes élevée aux grains bio et en plein air, la solide batterie marque un tempo imperturbable sans l’aide de stéroïdes ou du moindre produit dopant, et les voix de brisquards caracolent avec l’assurance de loups de mer qui s’époumonent pour se donner du courage face à l’océan déchaîné. Une simplicité qui en deviendrait presque révolutionnaire.

Et l’on pourrait rester des heures au coin d’un feu à savourer en boucle ce premier essai brillamment transformé de la bande de Reading, tout en sirotant paresseusement un Tonic…  Mais voila que Bright Lights, la spectaculaire conclusion du disque, a déjà aiguisé notre curiosité… Et après ça, comment s’en sont-ils tirés?


Et bien, mille milliards de mille sabords, force est de constater que pour l’instant la carrière de ces marins d’eau douce est un carton plein  !  One thousand pictures, le petit dernier sorti en 2011 n’a rien à envier à son aîné. Plus sombre et minimaliste encore il laisse libre cours aux épanchements de la voix fiévreuse sur Cold Black Kitty, Motorbike, Shotgun ou United.




Mais le navire amiral ne se contente pas de se reposer sur ses lauriers. Le voilà qui, au moment où on l’attend le moins, explore à la marge des contrées relativement inédites sans pour autant remettre en question la feuille de route générale du périple. Come to the bar et Winter 1 sont ainsi d’étranges incursions électro-rock qui finalement conviennent également assez bien à la simplicité binaire de l’univers du groupe.



Et pour conclure voici une petite citation de ce bon vieux Sénèque avec laquelle la bande de soudards ne pourra qu’être complètement d’accord : « Lorsqu’on ne sait pas vers quel port on navigue, aucun vent n’est le bon ». C’est bête comme chou, mais Pete and the Pirates avec un soupçon de talent, un poil d’authenticité et surtout en s’appliquant à jouer en terrain connu , s’est doté d’une personnalité musicale forte et singulière. Une belle aventure qui ne risque pas de se terminer en queue de poisson !

 

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