mercredi 18 avril 2012

The Dark Side of the Stars ( I ) : April, sublime debris cosmique de Deep Purple


The Dark Side of the Stars: Une nouvelle rubrique est née !

Tous les amateurs d’astronomie savent pertinemment que l’Univers est un incorrigible farceur. Pour dégoter LA nouvelle exoplanète tant attendue d’un système stellaire, il ne suffit pas de pointer son télescope astronomique au hasard et de sillonner l’espace avec l’excitation grisante du chercheur de trésors du dimanche à La Baule. Et même, les plus sérieuses découvertes de nouveaux astres pourront se retrouver réduites à néant par trois calculs contradictoires et des coups de théâtre dont seul l’espace a le secret. Ainsi il suffit qu’une planète soit disposée de telle manière, à l’abri d’un autre collègue spatial, pour qu’elle passe complètement inaperçue de la communauté scientifique.
Et bien pour la musique c’est un peu pareil. Des groupes immenses aux carrières exceptionelles, ayant reçu tous les honneurs possibles et imaginables pourront au cours de leur carrière réaliser de petites merveilles qui resteront injustement inconnues, tant l’auditeur se retrouve aveuglé par le rayonnement de titres passés, eux, dans la postérité. Cette nouvelle rubrique, « The Dark Side of the Stars », vous propose donc de (re)découvrir quelques uns de ces chefs d’œuvres  oubliés. Et pas besoin de tâtonner dans des discographies qui disposent parfois même de plus d’étoiles que la Voix lactée, la mise au point de la lunette est déjà faite ! Et même si on les kiffe à mort  pas question donc icid’épiloguer sur le succès du Miss You des Stones ni sur la place de l’album Elephant des White Stripes dans le panthéon du rock…

The Dark Side of the Stars ( I ) : April, sublime debris interstellaire de Deep Purple

C’est parti avec un petit focus sur l’une des chansons les plus épiques de Deep Purple, au titre parfaitement de saison : April. Issu du troisième opus du groupe, à une époque reculée ou même Ian Gillan, le brailleur attitré de la bande ne faisait même pas encore partie du groupe, cet étonnant morceau fleuve concentre ambitions démiurgiques et fulgurances créatives débridées. Voila une profession de fois, qui, avec son plan en trois parties du type thèse, antithèse, synthèse remet en cause pas mal de présupposés musicaux. 


On est en 1969, le grand chamboulement des idées et des émotions bat son plein. Mêlant instruments électrifiés et classiques, tour à tour instrumental, puis chanté, bousculant le schéma classique couplet/refrain, jouant avec les variation de tempo, cet OVNI musical constitue une tentative sur plus de douze minutes de faire sauter le cadre rigide de la chanson pop et de dépoussiérer le carcan de la « grande musique ». Perdu entre plusieurs galaxies musicales, il erre en tout cas à des années-lumière des riffs hard rock qui feront le succès de Deep Purple quelques années plus tard avec Highway Star ou Smoke on the Water.

Le périple interstellaire commence par une intro jouée à l’orgue Hammond digne du plus martial Jugement dernier de Michel Ange. Pas le temps de se recoiffer après une telle tempête solaire que le thème fait son apparition, porté par un clavier indolent et une délicate guitare.  Après l’avoir fait tourner plus de trois minutes à coup de savantes modulations et de chœurs délicatement  saupoudrés, une guitare extraterrestre stridente fait son apparition. La machine est suffisamment chauffée à blanc. Il est maintenant temps de passer la vitesse de la lumière et de changer de référentiel. Sans crier « gare » les instruments pour hippie chevelus et crasseux cessent d’un coup et laissent place à un orchestre rutilant, tout de cuivre et de cordes vêtu ! Les mélodies scintillantes sont jouées avec toute l’inspiration et le bon goût qui sied à ce genre de formation classique. Les variations baroques s’enchaînent en cascade, toujours plus imprévisibles, comme si l’on écoutait la BO d’un mystérieux film sans images ni dialogues. Moment de joie, de doute, retournement de situation dramatique, passages romanesques… Le moins que l’on puisse dire c’est que l’intrigue semble particulièrement bien ficelée. La BO de Star Wars peut aller se rhabiller. Et là, sans crier gare, sabordant avec délice la scène du baiser final,  la troisième et dernière phase du morceau fait irruption a renfort de roulements de caisse claire agressifs. Voilà enfin les cinq explorateurs de la galaxie hard rock en chair et en os,  chauds comme la braise et prêts à en découdre avec l’histoire de la musique...  Et pourtant ce troisième album des Britanniques n’aura qu’un succès très limité.
La suite de l’histoire ? Prenez au hasard l’une des innombrables encyclopédies du rock qui fleurissent les rayonnages de n’importe quelle FNAC, et vous la trouverez assez facilement…


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