mercredi 21 décembre 2011

The Awesomest Song Of The Week ( IX ) : The Black Belles





Jack White ça vous dit quelque chose ? Bien sûr… Pas besoin de présenter l’un des plus prolifique et singulier musicien, chanteur, compositeur, producteur, businessman, marketeur, communicant de la scène musicale US de ce début de siècle. Frankenstein, Dr Jekyll ou Mr Hide on ne sait pas trop bien comment qualifier cet obscur génie... Après avoir fait tremblé plus d’un stade avec ses machines infernales (White Stripes, Raconteurs, Dead Weather), dont il fut à la fois le cerveau torturé et le bras implacable, voici le démiurge de retour, dans le cadre de Third Man Record, son nouveau laboratoire de savant détraqué à Nashville. A la fois label indé, salle de concert, et boutique de vinyles, le lieu lui permet de maîtriser toutes les étapes du développement de monstres maléfiques dont il a le secret, de  la production à la scène. Parmi ceux-ci, The Black Belles, sublime et improbable pépite "garage goth" , qui vient de sortir un premier album éponyme en toute discrétion. L’occasion de revenir sur leurs deux singles parus l’an dernier en prévision de la sortie de celui-ci : What can we do et Lies, étonnants mélanges d’innocence et de perversion.


Tout aussi enchanteresses que vénéneuses, The Black Belles forment une créature dangereusement séduisante. A la fois Hydre de Lerne dotée de quatre têtes d’anges, sirène maléfique aux cordes vocales de velours, hypnotique Méduse au regard de feu, elle dégage une telle présence que si c’était elle la sorcière de Blanche Neige, elle n’aurait même pas eu besoin de faire croquer de pomme à l’innocente ingénue ! La patte du maestro est évidente, tant à travers la superbe esthétique rétro faussement surannée qui se dégage des clips, qu’au niveau des fulgurances musicales du combo, qui sonne comme le rejeton  d’une hypothétique et incestueuse partie fine entre les Doors, Janis Joplin et Black Sabbath



What can we do débute ainsi sur un rythme lourd et pesant, imprimé par une note vicieuse d’orgue Hammond et de méchants coups de grosse caisse, le tout rapidement renforcé par des accords saturés de guitares joués dans la même tonalité. Brut, méchant et délicieux à la fois… La suite l’est tout autant, à travers des parties chantées implacables et hautaines et surtout des riffs minimalistes agressifs qui trouvent leurs inspirations dans le meilleur des tubes de hard rock des années 70. Tout aussi jouissif visuellement, le clip décline une esthétique trouble, à la manière d’un film policier français des années 30, et joue sur des effets de lumières sublimés par le contraste du noir et blanc. Toutes de noir vêtues les demoiselles, mystérieuses séductrices, sortent directement des pages poussiéreuses d’un bouquin d’Agatha Christie. Talons aiguilles, bas résilles, robes cintrées, foulards en soie, chapeaux à large bord, le tout rehaussé d’une abondante couche de mascara… La mise en scène est impeccable ; elles disposent de tous les accessoires de la femme fatale d’avant guerre.



Ce croisement contre nature s’avère encore plus percutant avec Lies, qui porte son nom à merveille. Avec Monsieur Jack White en brillant faussaire aux commandes, la chanson devient un pastiche impeccable que l’on jurerait sorti d’un album produit entre 1967 et 1975. La production brinquebalante est marquée par ce sentiment d’urgence si particulier que l’on retrouve sur les enregistrements de tous les petits groupes qui n’avaient pas d’autre choix que de mettre dans la boîte un album entier en une demi-journée à l’aide de matos pourave et d’un ingé son au mieux alcoolo et au pire sourd comme un pot ! Guitares sautillantes, orgue grésillant, voix nasillardes pleines d’échos, solo vacillant, batterie tintinnabulante… Tout y est. Mais ces Pin Ups maléfiques sont clairement ancrées du coté obscur de la force, bien plus proche des sombres desseins d’un machiavélique Dark Vador que de l’insouciance Flower Power d’une Princesse Leïa niaiseuse. La saturation à outrance sent le stupre et la luxure, et ne parlons même pas des vicieuses intonations du refrain …


Bon, maintenant que les présentations sont faites, il ne vous reste plus qu’à croquer avec délice dans le fruit défendu de l’album, d’ores et déjà disponible en streaming, en cliquant sur le lien ci-dessous ! Enjoy…




1 commentaire:

  1. Je trouve au contraire que c'est un peu trop sage, ça ne décolle jamais vraiment, même si les refrains sont supers et restent gravés dans les mémoires; Je n'attendais en lisant l'article à une véritable nuit sur le mont chauve où les sorcières attendent impatiemment l'arrivée du diable ...ça manque un peu!

    RépondreSupprimer