Le mécanisme des émotions musicales est bien mystérieux. Si une chanson provoque des spasmes de plaisirs incontrôlables, il n’est pas dit qu’il en soit du même pour le reste du travail du besogneux artiste. Petit cas pratique que Tall Ships, jeune groupe de Brighton, nous offre sur un plateau d’argent. Un petit tour et puis s’en va…. Pourquoi j’aime tel morceau et pas celui là ? Question métaphysique fondamentale qui en a torturé plus d’un, à tel point qu’une commission spéciale du nouveau Ministère de la Culture pourrait bien se pencher sur le sujet.
Commençons par une petite mise en situation empirique sous la forme d'une grosse digression : Me voilà les mains tremblantes, le cœur battant la chamade, en train d’appuyer sur « Play » pour une première écoute du Saint-Graal de la musique Indie de la semaine, chef d’œuvre lambda qui déchaîne les passions des maîtres à penser de la musique … Play ! … Et là, c’est la débandade dans mon cortex, rien ne se passe comme prévu : je ne ressens strictement rien. Pas le moindre frémissement. Et il n’y a rien à faire, malgré une séance de yoga et un footing de trois tours du Bois de Vincennes, toutes les tentatives se soldent par un cuisant échec. Mon encéphale restera à tout jamais de marbre, complètement insensible. Je cherche des explications rationnelles… Mais après un check up complet de mon installation hi fi par un spécialiste B&O et un bilan auditif complet… Rien à signaler, techniquement parlant. Enfer et damnation, serais-je donc devenu frigide du tympan ? Et là… Au moment de tirer une croix sur ma vie musicale jusqu'ici débridée, voilà que, dans le magasin de hi fi ou je m’apprête à acheter un écran plat dernier cri en prévision de la prochaine saison Ligue 1 (qui par la force de choses se devra de devenir ma nouvelle raison d’être), une petite mélodie pénètre insidieusement dans mes oreilles. Par Dieu, me voila guéri ! Le seul problème : mon miraculeux médicament n’est autre que… le dernier tube de Franckie Vincent. Aïe… Et oui, en musique nous sommes le plus souvent complètement prisonnier de nos émotions, il faut s'y faire.
Bref… Revenons à nos moutons ! Tall Ships, sûrement après une étude de marché minutieuse, s’est engagé tout naturellement dans la niche du Math Rock. Comme leur dizaine de clones le trio produit un rock à la fois nerveux et policé, basé sur la répétition de boucles mécaniques. Des millimétriques cas d’école qu’offrent Hit the Floor et T=0 au solo ciselé de Plate Techtonics en passant par le morceau à tiroirs Chemistery, c’est sympatoche, mais pas de quoi convoquer dans l’au-delà les fantômes de Jimi Hendrix et Kurt Cobain pour une conférence de presse exceptionnelle.
Et sans prévenir voilà qu’arrive Books… Alors que Tall Ships s’apprêtait après une première et unique écoute distraite à rejoindre les tréfonds du dossier « Sympamaissansplus » de mon ordi, les nappes de l’intro retiennent in extremis mon attention… Et vlan ! voila le monstrueux riff de synthé fait son apparition. Il ne suffira pas de plus de temps, me voilà converti en 58 secondes chronos. La suite de la chanson, ce n’est que du bonus…
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