mercredi 6 juin 2012

Wraygunn, blues-rock portugais au poil !




L’été se rapproche à grand pas ! Et par les temps de déprime européenne qui courent, les billets de voyage low cost fleurissent à tout va. C’est le moment de partir avant que la France ne perde ce « A » fatidique qui allégera votre portefeuille  de pas mal de E ! De l’offre spéciale « profitez des dernières jours de l’Euro en Grèce pour leur refourguer vos tiroirs de pièces rouges pour une semaine 4 étoiles pension complète entre mer d’huile et barrages de police » au non moins affriolant  «séjour napolitain au prix d’une Pizza Margarita à emporter »  que peut on espérer des nuits endiablés  de leur  pâle confrère lusitanien ? Mise à part peut être espérer se faire payer une tournée de porto millésimé par un groupe de consultants S&P en pleine beuverie après une journée de labeur carnassière… ou bien d’ improviser en trainant les pieds quelques funestes pas de Fado avec un groupe d’autochtones moustachus qui tentent de noyer, dans des litres de madère frelaté, les dernières prévisions de chômage peu réjouissantes.
Pas très Rock n Roll me dites-vous ? Stop ! On arrête avec les clichés. Et ouais, parce que vous pourriez tout aussi bien tomber sur un concert cathartique, plein de sueur et d’espoir, distillé par les monstres blues / gospel / punk de Wraygunn ! Petit focus sur leur quatrième opus Shangri La paru en 2007, et leur dernier né fraîchement débarqué dans les bacs en début d’année 2012, L’Art Brut de son petit nom. Esthétique considération bien à propos on a envie de dire.  



Et si leur blaze, étrange néologisme anglophone, est improbable (on imagine aisément les douloureuses tentatives de prononciation du fan lisboète), la musique est, quant à elle, d’une simplicité jouissive qui ne nécessite d’aucun interprète. Quelques accords bien sentis, une indolente batterie qui sait se montrer implacable quand il le faut, des voix féminines hautes en couleurs n’ayant rien à envier aux choristes des Stones …  Le décor est posé. Ne manque plus que la gouaille de Paulo Furtado, qui se vautre avec délice au milieu de ce joyeux bordel. Et bingo, voila un plan de relance pour le moins original, auquel aucun technocrate de Bruxelles n’avait songé, et qui tient la route avec brio. Les albums du sextet regorgent notamment d’arrangements experts qui font mouche aux moindres refrains. Voir Love is my new drugs, she’s a go go dancer ou Do you wanna dance pour preuves.

Love is my new drug by Wraygunn on Grooveshark


Avec la délicieuse ballade Hoola-Hoop Wooman on leur donnerait le bon dieu sans confession. Mais ne vous laisser pas berner… Rien de mieux que de noyer la méfiance du pauvre auditeur sans défense dans une feinte innocence, en flattant la corde sensible de la nostalgie 60’s qui sommeille en lui. En brillants professionnels, les voilà qui en profitent pour instaurer de façon pernicieuse de draconiens remaniement musicaux.

Hoola-Hoop Woman by Wraygunn on Grooveshark

De She’s a go go dancer à Work me out vous constaterez vite que le « Make love, not war ! » du bonhomme n’est pas de première fraicheur et qu’il aurait plus tendance à se rapprocher de l’approche concupiscente Strauss-Kahnienne de l’amour libre que de celle d’un pur et idéaliste John Lennon.  Mais sacrebleu, vivons avec notre temps ! Puisque l’on nous répète à longueur de journée que rigueur se doit de rimer avec réalisme. Voilà un groupe providence, bien loin des considérations utopistes et inutilement futiles du psychédélisme. On vous l’a dit, c’est LA CRISE ! Econome en notes l’intensité de l’ensemble n’en est pas le moins du monde altérée. L’explosion de Love letters from a muthafucka en est l’illustration parfaite.  Chaque double croche va occuper un rôle dans la cohérence de l’édifice final, véritable hymne punk qui revient à l’essence du rockabilly.

Love letters from a muthafucka by Wraygunn on Grooveshark

Et malgré un coffre pas si impressionnant que ca,  le ténébreux Furtado arrive à insuffler, comme dans ses parties vocales, à moitié murmurée, à moitié vomie, une vénéneuse énergie originelle. A l’image de Strolling around my hometown, les chansons, alternativement chantonnées, puis chuchotées et parlées, participe à l’instauration d’ambiances hypnotiques.

Stroling Around My Hometown by Wraygunn on Grooveshark


Mais puisque après tout, dettes publiques remboursées ou non, nous sommes tous foutus d’avance. Il ne nous reste plus qu’à nous retourner vers le tout puissant. Et ils ont pensé à tout ! Gracieusement, Ils nous offrent le fulgurant   No more, my lord, une prière bluesy de premier choix. Autant vous dire qu’avec ca, Saint-Pierre n’a qu’à bien se tenir et qu’il a intérêt à nous garder une suite paradisiaque (au sens premier du terme) de premier choix.
No more, my lord by Wraygunn on Grooveshark

Bref ; In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti ; Wraygunn … 



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