La Nouvelle Zélande n’est pour vous synonyme que de maillots XXL déchirés, ensanglantés, détrempés de sueurs et recouverts de boue ? Et bien détrompez vous ! Ce drôle de pays tout en longueur recèle bien d’autres surprises pour vos mirettes et vos oreilles que le Haka de l‘Ovalie. Voici Goodshirt, quatre Kiwis bien plus à leur place dans un studio d’enregistrement qu’au milieu d’un pack de rugbymen déchaînés ! De 2000 à 2004 cette éphémère formation a fait vibrer toute une jeunesse avec des hymnes pop rock teintés d’électro et rehaussés d’un soupçon de reggae. Et si les 2000 km qui les séparent de leur voisin le plus proche a certainement été un frein à leur développement international, il n’est jamais trop tard pour se pencher sur les pépites qu’ils nous ont laissées au détour d’une vidéo youtube ou d’un lien Myspace.
Ainsi c’est en 2001 que sort Good, 1er album irréprochable, porté par le tubesque single Sophie. Ce dernier squate la première place des charts locaux durant 18 mois et est nommé "Single de l'année" au "NZ Music Awards" de 2003. Le premier né, qui passe sept semaines dans le top 50, est donc un franc succès d’Auckland à Christchurch avec plus de 25 000 ventes ( non, ne riez pas s’il vous plaît ! Dans un pays fort de 4 millions d’habitants c’est une performance plus qu’honorable qui constitue presque une certification double platine pour la vénérable Recording Industry Association of New Zealand ).
L’album réunit 13 perles qui oscillent entre brûlots énergiques et ballades mélancoliques. Place to be et Green, les deux autres singles, tout aussi jouissifs que Sophie, assènent implacablement couplets-refrains-solo dans une ambiance désenchantée ou batteries incisives, guitares saturés et synthés métalliques soutiennent froidement la voix désabusée de Rodney Fisher. Idem pour Blowing dirt ou Monotone, portés par de puissants et sautillant riffs de synthétiseur. Mousey, piste la plus noire de l’album pourrait être qualifiée de grunge tant les gémissements du chanteur, la satu crado et la rythmique effrénée peuvent donner envie de se secouer frénétiquement la tête sur les enceintes…
Plus calmes Sophie et Slippy ne sont pas pour autant plus radieuses. Ces fausses ballades cachent une rage aisément perceptible.
Sinon vous souvenez-vous de l’effroyable chanson Emo Une dernière dance que toutes les bandes FM vous ont infligé durant votre ingrate adolescence ? Un ratage complet et dégoulinant… Et bien figurez vous que leur sombre Catch this light présente de troublantes similitudes avec le shamalow informe de Kyo, mais ici l’essai est largement transformé ! A vous de juger…
Dans Everyday funk, reggae, et electro se fondent et forment un étrange et fascinant intermède qui mérite le détour.
Reste à noter le psychédélisme lancinant et nostalgique que l’on retrouve dans Merrilands Domain et Long Day Last et enfin que dire sur Mud Sky, chanson la plus barrée de l’album? Même si le name dropping n’est pas trop la tasse de thé de votre serviteur ici je ne peux m’empêcher de penser à un étrange mélange entre du Daft Punk grande époque passé au mixer avec ce bon vieux Cat Stevens !
Leur deuxième galette et déjà chant du cigne, Fiji Baby, voit le jour en 2004. Les chansons qui le composent sont résolument plus pop (Fiji Baby, Lucy) voire teenage rock (Buck it up). L’esprit originel reste toutefois bien perceptible dans Cement…
Adepte du DIY le groupe dispose en outre d’un talent scénaristique unique que toute la profession d’ Hollywood et Bollywood réunis pourrait leur envier. Avec 15 potes, deux bouts de ficelles, un tube de dentifrice, un filet de badminton, une vieille bagnole, trois masques flippants et un sacré dose d’humour ils sont capables de confectionner des clips « faits maison » complètement hallucinés et hallucinants. Libdub désenchanté de leur propre chanson pour Place to be, cambriolage surréaliste d’une imprudente ingénue avec Sophie, partie de badminton acharnée en tenu d’apiculteurs pour Monotone… Enfin mention spéciale pour l’hommage fait à tous nos réveils difficiles dans le clip incroyable de Green ainsi que l'hilarante boucherie de serie Z de Mousey.
Quid de l'influence d'un certain tube d'une autre époque "Kiwi of NZ" sur ce groupe prometteur?
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