Voila (enfin) la chaleur qui prend à contrepied les analyses catastrophistes des spécialistes météorologiques de Télé 7 Jours. Et tandis que les dernière copies du bac ont été torchées et que les sinistres profs de maths sont partis en fumée dans de joyeux bûchers de cahiers remplis d’équations désormais obsolètes, les flots de furieux juilletistes déferlent par milliers faire les crêpes sur les quelque 3800 km de littoral de l’hexagone. Mais toi… toi qui n’as pu prendre que tes deux dernières semaines d’août. Comment vas-tu faire pour patienter sous les combles étouffantes de ton 18 m2 de la porte de Champerret ? Mieux que Paris Plage ou une aprem à la base nautique de Cergy-Pontoise, voici une petite suggestion de mixologie révolutionnaire venue tout droit de nos confrères outre-Atlantique du Québec. Si un rafraîchissant cocktail convient à ton triste sort d’aoûtiste c’est bien le Misteur Valaire ! Pas compliqué à préparer et bien meilleur que le sirop d’érable (mais convenons-en, pas beaucoup plus digeste…).

Gourmands soyez rassurés, il existe plusieurs variantes de l’élixir savamment distillé tout au long des trois albums de ces drôles d’oiseaux de Sherbrooke ! Ouvrant le bal en 2005 avec le très jazzy Mr Brian, ils enchaînent en 2008 par l’expérimentale et inclassable Friterday Night avant de remettre le couvert, insatiable, en proposant le chef d’œuvre absolu des Shakers : le très abouti Golden Bombay.

Et si l’expérience auditive a beau déjà être assez extrême en CD c’est en live que Misteur Valaire est le plus dingue. Morceau choisi d’un concert vécu à l’Iboat, sympathique nouvelle péniche à danser bordelaise. En businessman avisés et machiavéliques ils ont multiplié les collaborations pour faire du show un moment de chao parfaitement contrôlé : projections, lumières, costumes, mise en scène… aucun élément de la scène du crime n’est laissé au hasard ! Ce pluvieux samedi soir de juin donc , le Bordelais, espèce hautaine et indolente et par essence même peu impressionnable, se presse mollement en rang plus que clairsemé devant la petite scène du bateau. Autant le dire, toutes les conditions du flop semblent réunies. Mais voilà les cinq extraterrestres qui débarquent sans l’aide de la moindre première partie ; les lumières explosent, les vestes volent, les musiciens sautent d’un instrument à l’autre, gesticulant à qui mieux mieux et font des bonds d’au moins 50 cm … Et pourtant la musique tient parfaitement la route. Harangué, le Bordelais se voit poussé dans ses derniers retranchements et au bout de trois chansons il ne peut plus tenir ce bras de fer perdu d’avance! Le voilà qui se met à hurler, battre des mains frénétiquement et obéir aveuglément à toutes les injonctions du groupe qui en profite pour leurs infliger les derniers outrages... Morceau choisi avec Gumshoe et Brandon Marlow.
Et même si on nous a formellement mis garde sur le danger de l’abus d’une certaine sacro-sainte expression de pays à la feuille d’érable… On ne peut s’empêcher maintenant de hurler: « TABERNACLE, MAIS QUE C EST BOOOON MISTEUR VALAIRE! »